Quels sont les enjeux pour l’agriculture. C’est la première question qui a été posée à Xavier Beulin, président de la FNSEA. «L’agriculture ne devrait pas être un problème mais plutôt une solution dans notre pays. Une solution car nous répondons aujourd’hui à beaucoup d’attentes de nos concitoyens au niveau alimentaire et non alimentaire» a-t-il annoncé d’entrée de jeu.
Selon le président national, la compétitivité est un premier défi, «un sujet majeur qu’il faut aborder avec beaucoup de détermination. Et avec la finalité de réinscrire notre agriculture française dans l’espace européen». Le 2ème axe gravite autour de la relation entre agriculture et environnement. «C’est un des sujets sur lesquels il y a des incompréhensions. Il faut sortir d’une écologie punitive et dogmatique et aller vers une écologie beaucoup plus responsable, raisonnée, concertée. Nos concitoyens ont une vision floutée de l’agriculture c’est probablement car ils ont à la fois une image assez sympathique du métier d’agriculteur et une image déformée car une agriculture qui fait appel à des technologies, de la recherche, des innovations et à un certain nombre d’intrants qui les inquiètent». Le 3ème défi pour Xavier Beulin, c’est redonner de la confiance, responsabiliser les acteurs. Aujourd’hui un agriculteur est un chef d’entreprise, il assume, ses choix et ses décisions. «Oui il peut être contrôlé et sanctionné quand les choses ne vont pas dans le bon sens, mais faisons lui confiance avant d’entrer dans des systèmes qui sont parfois assez coercitifs, trop réglementés et qui empêchent la capacité d’initiatives».
Etre fier de l’importance de l’agriculture pour le pays
L’agriculture française amène des contributions extrêmement positives à la France. Le président Beulin a annoncé trois chiffres en exemple : l’agriculture et l’agro-alimentaire représentent 240 milliards d’euros de chiffre d’affaires (2 fois et demi supérieur au secteur automobile), nombre d’emplois directs générés (agriculture, pêche et forêt) : 3,5 millions.
Le commerce extérieur du pays est à - 70 milliards tous secteurs confondus, l’agriculture et l’agro-alimentaire en 2011 ont rapporté pratiquement 12 milliards d’euros. «Nous devons capitaliser sur ces sujets, en être fiers en le faisant partager à nos concitoyens.
Combien savent aujourd’hui dans nos territoires ruraux que leur activité est largement dépendante d’une activité agricole ?».
Quelles politiques mener pour répondre à ces enjeux et faire en sorte que nos exploitations agricoles soient durables. «Il faut se situer dans un esprit de co-responsabilité. Faisons en sorte qu’on ne détricote pas les politiques agricoles. On prend conscience aujourd’hui de la nécessité de remettre en place des politiques qui soutiennent l’agriculture. La question alimentaire devient une question fondamentale à l’échelle planétaire. Nous allons revenir sans doute à des logiques où agriculture, alimentation et sens social va reprendre de l’importance». Et dans ce contexte, toutes les agricultures ont leur place. «Il faut éviter les oppositions : bio et conventionnel, rural et urbain, filière courte et filière longue… La grande chance de l’agriculture française s’est d’être justement une agriculture diverse. Et on peut satisfaire tous les marchés. Mais il faut le faire avec un encadrement politico-économique qui permette à chacune de ces agricultures de cohabiter et d’être complémentaires».
Le verdissement oui, mais pas n’importe comment
Biensûr, le verdissement fait débat. Au niveau européen, aucun Etat membre n’est d’accord avec les propositions de Dacian Ciolos, le commissaire à l’agriculture. «La FNSEA n’est pas contre le verdissement. Mais 30 % c’est beaucoup trop. Et retirer 7 % de terres arables pour faire un focus écologique ça n’a aucun sens. Le G20 dit qu’il faut produire plus et l’Europe propose au même moment de retirer des terres. Où est la logique ?». Un deuxième sujet inquiète le président, celui des surfaces en herbe. «Il y a quelques années, on a développé des systèmes pour que les éleveurs passent leur système tout en herbe. Aujourd’hui on dit à ces mêmes exploitants : votre surface en herbe est figée et restera tout en herbe. Ce n’est pas acceptable. On doit pouvoir bénéficier d’une autorisation de dégager 10 ou 20 % de sa surface en herbe pour faire autre chose et à mon sens, ce ne remettra pas en cause la biodiversité».
En matière de verdissement, Xavier Beulin prône des mesures plus localisées, adaptées à la réalité de chaque territoire. Il est ensuite revenu sur le fonds de gestion des risques et des crises qui se met en place, sur les droits à paiements, le budget… «Je forme le voeu que la profession puisse donner la feuille de route pour la mise en oeuvre de cette PAC en France plutôt que ce soit le ministre qui arbitre».