"Ce geste n'est pas transmis dans les écoles", regrette Christian Jouteau. Lui en a fait sa spécialité, par passion. Il est l'un des derniers en France à vivre de l'aiguisage. Tondeuses, scalpels, ciseaux, rasoirs, couteaux... Alors plutôt que de crouler sous l'avalanche des demandes nationales d'affûtages d'outils en tout genre (dont celles de 2 000 cliniques vétérinaires), "je viens former les gens sur place" dit-il, jamais tranchant, ni incisif, juste pédagogue et passionné. "L’affûtage, il faut y consacrer du temps sur du bon matériel".
Le pouvoir du couteau
Un savoir-faire rare qui l'a conduit, lundi dernier dans l'abattoir de l'exploitation de volailles fermières de la vallée de Baud. Face à lui, 7 salariés et 4 chefs d'exploitation, armés jusqu'aux dents. "Ouvrir le cou, retirer le jabot, le cloaque, éviscérer, couper la tête. Il y a beaucoup d'opérations. Tous les mois, les couteaux de l'exploitation sont aiguisés", note Nicole Le Peih, productrice de 900 volailles semaine à la ferme de Kerhilio. "A force de répéter les gestes avec des outils qui ne sont pas au top, on appuie, on force et manque de précision. Bref, on risque de se blesser, et puis il y a risque d'apparition de troubles musculo-squelettiques", met en garde Patrice Barbier, conseiller en prévention à la MSA des Portes de Bretagne. Alors l'organisme a décidé de mettre à disposition ce savoir auprès des ateliers de transformation à la ferme. La MSA a organisé trois sessions *de formation en collaboration avec l’association des producteurs de volailles en vente directe qui a structuré ses producteurs ."Nous sommes un quarantaine dans le Morbihan et ce genre de formation très pratique nous est utile au quotidien", apprécie Gilles Le Falher, leur président et producteur de volaille et de viande bovine à Séné.