Situés dans les baies « algues vertes » du Finistère se sont engagés à réaliser un diagnostic individuel devant les conduire à changer de pratiques pour réduire les fuites d’azote dans le milieu. Cependant il reste des agriculteurs à convaincre pour réaliser l’objectif.

Les règles du jeu sont claires, expliquait la semaine dernière le président de la chambre d’agriculture du Finistère, André Sergent. Soit les agriculteurs des baies « algues vertes » s’engagent volontairement à réduire leur production d’azote de 30 %, soit ils se voient imposés par l’État des règlements. « Sur les trois baies ayant signé leur charte de territoire en 2012 (Douron, Douarnenez et la Forêt Fouesnant), 300 exploitations sont engagées à ce jour. Mais il faut que nous parvenions à 575 d’ici à juin 2014 pour réaliser l’objectif », dit André Sergent. Le classement de ces baies (huit en Bretagne dont cinq dans le Finistère et trois dans les Côtes d’Armor) remonte à février 2010. A l’époque, l’État met en place un plan de lutte contre les algues vertes qui prévoit un volet d’études, un volet curatif (ramassage et compostage des algues) et un volet préventif. Après concertations parfois difficiles, des chartes sont signées entre les acteurs du territoire.

Diagnostic individuel

Conscient de l’incompréhension que peut susciter cette démarche, le président de la chambre d’agriculture du Finistère a voulu rassurer les agriculteurs en organisant cette communication chez un éleveur laitier de la baie de Douarnenez, qui a réalisé son diagnostic, André Nédélec (commune de Ploeven). Sans doute cet éleveur intensif (550 000 l de quota, 58 vaches laitières à 10 000 kilo de lait chacune par an, 78 ha dans un système herbe-maïs) était-il mûr pour cela. Il sentait que son système ne le préservait pas des à-coups du marché. Il avait d’abord planté plusieurs centaines de mètres de haies (2010 et 2012). Puis signé, en 2011, un contrat MAE pour la conversion de parcelles en herbes et l’entretien de talus. Le diagnostic individuel est donc arrivé à-propos. Il a été réalisé en deux après-midi, avec Mélina Porhel, technicienne de BCEL-Ouest. « C’est l’exploitation que nous avons diagnostiquée, dit-elle. L’idée, c’est d’améliorer la façon de travailler de l’exploitant pour améliorer l’environnement de la ferme ». Plusieurs leviers techniques et économiques ont été identifiés parmi lesquels l’éleveur a choisi ceux qui lui correspondent le mieux. André Nédélec : « je vais abaisser les surfaces que je consacrais au légume-industrie pour augmenter la part d’herbe, dit-il, introduire du maïs Samco (implantation et récolte précoces NDLR) pour favoriser l’implantation d’un couvert végétal et créer 300 à 400 mètres de chemin pour créer de nouvelles pâtures ». De 9 000 kg d’azote, il prévoit de passer à 8 500. Et ce sans réduire sa production.

Pour André Sergent, c’est le signe que l’engagement dans le diagnostic et la réalisation d’objectifs environnementaux ne nuit pas aux objectifs économiques de l’exploitant. « Nous ne sommes pas en retard dans l’avancement de l’opération. Il faut continuer de montrer aux agriculteurs l’importance de la démarche », poursuit André Sergent.

Le parcours des agriculteurs costarmoricains réserve parfois quelques surprises. Pisciculteur sur L’Harmoye, Patrick Hamon est aujourd’hui à la tête d’un élevage de 133 000 poules pondeuses à Saint Martin des Prés. Reportage.
En apparence, l’aviculture et la pisciculture n’ont pas grand choseen commun. Et pourtant, Patrick Hamon a fait les deux. Un grand écart qui s’explique par son histoire. Une histoire marquée par des tourments mais qui démontre une détermination et une passion forte pour l’agriculture. Devenu récemment co-président départementalde la section œuf à la FDSEA22,Patrick souhaite défendre la profession avicole.

Une route à deux voies

En 1985, Patrick décide de créer un élevage de truites en étang à Cartravers situé à L’Harmoye. Une opportunité à deux pas de chez lui qui lui permet de se lancer dans la profession avec 22 hectares de terre et 1,6 hectare d’étang. Quatre ans plus tard, les parents de l’éleveur partent à la retraite et offrent la possibilité à Patrick de devenir aviculteur avec un élevage de 20 000 poules pondeuses au Bois Boscher à Merléac. L’occasion pour le pisciculteur de reprendre le flambeau familial et de travailler en collaboration avec sa femme Elisabeth. A la tête de deux exploitations,l’une en poisson et l’autre en poule, il décide de développer sa double activité en reprenant d’une part une poussinière de 2 000 m²,et d’autre part, en s’associant avec un pisciculteur détenteur d’un atelier de transformation de truites. Une envie effrénée d’entreprendre qui a conduit Patrick à stopper son activité d’élevage de truites en 2004 suite à des problèmes de santé.

La Ferme de Kerdoret

A l’origine, la ferme de Kerdoret était composée de deux bâtiments à mettre aux normes et de 24 hectares. En 2010, Patrick et Elisabeth décident d’acheter l’exploitationet de faire les mises aux normes bien-être. Ils ont donc aménagé les cages en installant perchoirs,nids, bacs à poussière et grattoirs dans chaque cage pour un des bâtiments et en investissant dans des cages neuves pour l’autre. Uninvestissement qui a été réduit à néant après un incendie déclaré huit jours après la première mise en production dans ce dernier bâtiment. Suite à cet événement, la décision a été prise de ramener le cheptel de Merléac à Kerdoret.C’est ainsi que le nombre de poules pondeuses est passé de 108 000 à 133 000 sur Kerdoret uniquement. Deux salariés à temps plein travaillent avec eux et Patrick estime que désormais le site est en mode »croisière » avec ses 125 000 oeufs produits chaque jour.

Pour aider les exploitants à veiller au respect des règles en matière d’emploi de main-d’œuvre salariée ou non, voici des définitions pour vérifier le statut des personnes travaillant sur l’exploitation.

L’entraide familiale

L’entraide familiale, pratique fréquente et habituelle, est une forme spécifique de bénévolat permettant de faire participer les membres d’une même famille aux activités d’une entreprise ou à l’exercice d’une profession en faisant prévaloir les liens de parenté et la solidarité familiale, sans que cette collaboration soit constitutive d’une infraction de travail dissimulé par dissimulation d’emploi salarié. Cette pratique n’est pas véritablement encadrée par la loi, il s’agit d’une tolérance, sauf à ce qu’elle soit faite sous statut d’aide familial (Voir ci-après). Néanmoins elle se compose de plusieurs particularités. L’entraide se caractérise par une aide ou une assistance effectuée de manière occasionnelle et spontanée, en dehors de toute rémunération et de toute contrainte. L’aide apportée ne doit être ni durable ou régulière, ni accomplie dans un état de subordination, ni se substituer à un poste de travail nécessaire au fonctionnement normal d’une entreprise ou d’une activité professionnelle. En dehors des coups de mains occasionnels de très courte durée, l’entraide familiale ne peut exister qu’entre parents au premier degré. Il appartient au seul juge de déterminer si, dans le domaine du droit du travail, l’aide gratuite et librement consentie apportée par une personne faisant partie de la famille nucléaire ou de la famille élargie peut relever ou non de l’entraide familiale (notion plus large du « cercle familial proche » incluant les parents collatéraux, comme les neveux et nièces).

L’aide familial

Un aide familial vit dans le cadre d’une exploitation ou d’une entreprise agricole et participe à sa mise en valeur sans avoir la qualité de salarié. Par aides familiaux, on entend les ascendants, descendants, frères, sœurs et alliés au même degré du chef d’exploitation ou d’entreprise ou de son conjoint, âgés de plus de seize ans. Le statut d’aide familial est limité à 5 ans. Si au-delà de ces 5 années, la personne concernée continue à participer aux travaux, elle doit opter pour un autre statut. L’aide familial bénéficie de : la retraite forfaitaire dont la cotisation annuelle est versée par le chef d’exploitation et calculée comme celle du chef d’exploitation ; la retraite proportionnelle à hauteur de 16 points par année d’activité dont la cotisation annuelle est versée par le chef d’exploitation sur la base d’une assiette forfaitaire de 400 SMIC. L’aide familial est affilié au régime de l’assurance maladie-invalidité-décès (AMEXA) et au régime d’assurance contre les accidents du travail et les maladies professionnelles (ATEXA) des non-salariés agricoles. Depuis le 1er janvier 2011, l’aide familial bénéficie de la retraite complémentaire obligatoire (RCO) pour 66 points annuels de RCO acquis en contrepartie d’une cotisation forfaitaire annuelle versée par le chef d’exploitation ou d’entreprise agricole sur la base d’une assiette de 1200 SMIC.

L’entraide entre agriculteurs

Elle est définie comme un contrat d’échange de services, à titre gratuit. C’est la forme simple et traditionnelle de coopération entre agriculteurs voisins. Ce système est prévu par le Code rural et correspond impérativement à des échanges de services entre personnes ayant le statut d’agriculteurs, et implique gratuité, réciprocité et équivalence des échanges. En effet, l’agriculteur qui prête son concours le fait dans la perspective de bénéficier ensuite d’une prestation équivalente. Elle n’a pas de condition temporelle fixe. Elle peut être occasionnelle, temporaire, plus ou moins régulière. Elle s’applique également si un des agriculteurs est retraité et a conservé une superficie de subsistance ou bien si un des agriculteurs est pluriactif. Elle peut s’établir sous deux formes : service en travail (participation personnelle à des travaux de l’exploitation) ou service en moyens d’exploitation (mise à disposition de matériel agricole). L’entraide est essentiellement verbale mais peut être formalisée par écrit. En cas d’accident, l’agriculteur rendant un service dans le cadre de l’entraide agit pour son propre compte et est responsable de son propre accident de travail, ainsi que de ceux intervenus au cours de l’entraide. Il doit contracter une assurance couvrant les risques entraînés par l’exécution d’un service rendu au titre de l’entraide.

Le bénévolat

Il n’existe pas de définition légale du bénévolat. Selon la jurisprudence, le bénévole apporte un concours non sollicité, spontané, désintéressé. L’aide fournie doit demeurer sans contrepartie financière (ou en nature). Il s’agit donc de ce qu’on appelle le coup de main occasionnel ou bénévole qui peut être donné par un voisin, un ami, un cousin… Ce coup de main est par nature de très courte durée. Le véritable bénévolat n’est par ailleurs admis que pour les associations à but non lucratif, dans le cadre de l’absence d’utilité économique : association humanitaire, caritative ou d’œuvre sociale, éducative, culturelle sans but lucratif. La jurisprudence exclut donc le recours à des bénévoles dans les structures économiques à vocation lucrative qu’elles soient individuelles ou sous forme de sociétés (EARL, SCEA, …).

En cas d’accident, le bénévole, victime d’un accident de travail, peut engager la responsabilité du bénéficiaire de l’aide. Ce dernier doit alors indemniser l’accidenté.

Le salariat

Par exclusion de ces différentes situations, les exploitants doivent veiller si la situation de recours à de la main d’œuvre ne ressort pas des conditions d’emploi salarié. La loi, au travers du droit du travail, impose des sanctions financières et pénales en cas de constatation de travail dissimulé. L’emploi salarié doit répondre aux dispositions légales, réglementaires et conventionnelles en vigueur. L’exploitant employeur est notamment tenu de respecter des conditions de durée du travail, contrats, tenue de documents obligatoires, déclarations sociales, …

Membres du bureau et responsables locaux sont allés à la rencontre des huit parlementaires présents sur le département. « C’est un échange de connaissances », explique Jean Quéré, président de la section. Et d’ajouter : « il est évident qu’ils ne peuvent pas connaître toutes les subtilités des textes. Notre objectif : les informer afin qu’ils puissent voter les amendements qui bénéficient aux retraités agricoles. ». Des propos corroborés par Irène Gesny, membre du bureau qui complète : « c’est maintenant que nous devons agir. Quand la réforme sera votée il sera trop tard ». Cette action a été reprise dans la plupart des départements Français afin de peser dans le vote de l’assemblée nationale.

Une demande d’équité

Si les revendications du syndicat sont claires : des retraites agricoles équivalentes à 85 % du smic pour atteindre le niveau des ouvriers (le minimum accordé par l’état); la demande d’aujourd’hui est plus restreinte. « Nous réclamons à François Hollande, président de la République, de respecter ses promesses de campagne », avertit Jean Quéré. En l’occurrence, le candidat élu promettait une réévaluation des retraites à 75 %du smic. Le projet de loi prévoit une mise en œuvre progressive visant l’atteinte des 75% en 2017. En outre, d’autres engagements sont attendus tels l’attribution de retraite complémentaire obligatoire (RCO) aux conjoints et aides familiaux. Le gain moyen de cette opération serait de 30 € pour les 557 000 personnes concernées. Cette mesure devrait s’accompagner de la suppression de la condition de 17,5 ans d’affiliation au régime agricole pour bénéficier de la RCO. « Cette application touche particulièrement les femmes », rapporte Irène Gesny. Et de préciser : « l’affiliation n’étant obligatoire que depuis 1980, beaucoup de femmes d’exploitants n’atteignent pas cette limite or elles ont bien effectué le travail ». D’autres équilibres sont espérés comme le dispositif de droits combiné à la RCO. « Quand un conjoint décède à quelques mois de la retraite, ses droits doivent être reversés au conjoint survivant sans que soit appliqué un seuil de ressource », estime le président de la section. Enfin, la FDSEA a obtenu, dans la loi de finances 2013, et suite à ses revendications, la prise en compte des périodes de longues maladies ou d’infirmité grave, afin que les futurs retraités ne perdent pas de mensualités (coût de la mesure : 1,6 millions d’€).

Un financement flou

L’écart entre les promesses et les prévisions se fait essentiellement sur le financement des mesures. « Après avoir promis que la solidarité nationale et la diminution du nombre de retraités agricoles (102 000 retraités de moins sur les 18 derniers mois) allaient prendre en charge le financement de la réforme, cette solution est dorénavant exclue par le gouvernement », reproche Jean Quéré. « En effet, ce sont les actifs agricoles qui devraient subir cette hausse des coûts par de nouvelles taxations sur le capital de près de 0,6 % ». Si le gouvernement va au bout de son projet, ce sont près de deux points de revenus agricoles qui seraient affectés aux retraités. Une nouvelle formule que le président de section « ne cautionne pas ». Par ailleurs, il affirme « qu’il faut maintenir la pression. Nous avons pris tellement de retard sur le dossier des retraites que nous n’obtiendrons pas tout en même temps. Cependant, c’est important syndicalement de demander chaque année un peu plus ».

Retraités : à vos tracteurs !

A noter la victoire des retraités agricoles dans le dossier de la conduite de tracteurs. En effet, jusqu’ici les retraités agricoles n’avait pas la possibilité de conduire un tracteur qui n’était pas enregistré auprès d’une exploitation en activité. La loi a été modifiée se félicite le syndicat. Par ailleurs, les employés municipaux profitent également de cette dérogation.

Né à Lanfains et élevé au lait ribot, Jean-François Le Liard a su combiner les deux en créant la marque Le Craulois. Son lait ribot fermier a d’ailleurs obtenu la médaille d’argent dans la catégorie des laits fermentés à flore vivante lors du concours général agricole. Une passion pour les produits simples et bons avec des prédispositions familiales. Portrait.

L’agriculture, ça ne s’improvise pas. Jean-François a sa propre méthode : acheter une vache et apprendre le métier d’agriculteur sur le tas. Avec comme bagage une formation en transformation laitière et de l’expérience auprès de grands groupes industriels, il a démarré son entreprise de zéro. Actuellement, il dirige avec son associé une exploitation qui produit 750 000 L de lait/ an dont 400 000 L sont transformés sur place en lait ribot, yaourts, faisselles, fromages blancs, cailles et commercialisés sous la marque Le Craulois.

Un exemple à Lanfains

Le premier directeur de L’Armoricaine laitière, la coopérative laitière de Lanfains créée en1950, n’était autre que Eugène LeLiard, le père de Jean-François. L’entreprise a été la première a industrialiser le processus de fabrication du lait ribot. Une idée venue de la tradition bretonne, Jean-François se souvient « chaque vendredi,quand j’étais petit, on mangeait des galettes avec un bol de lait ribot chaud ». Et d’ajouter « Je suis né dans une baratte, je n’avais pas le choix. Je devais suivre cette voie qui est vraiment passionnante ». Il a donc monté sa propre entreprise à deux pas de celle que dirigeait son père. Et pour s’inscrire dans la même lignée, son fils Jordan s’occupe de la commercialisation des produits Le Craulois depuis trois ans.

Le projet de la Craulée

En 1985, Jean-François reprend seize hectares et un vieux poulailler désaffecté au lieu dit de la Craulée. Puis pour se faire la main, l’agriculteur novice achète une vache et se remémore : « elle s’appelait Ukraine, je me souviens encore de son nom des années après. » Et d’une vache, il est passé à dix sept vaches. Le poulailler a été transformée en stabulation dans un premier temps puis il s’est associé avec un agriculteur du coin en 1990 et un second situé à 7 km en 2000. Dès le départ, la transformation se faisait directement sur l’exploitation.Jean-François précise « qu’à cette époque, c’était rare. Même si finalement, nous n’avons fait que reproduire à plus grande échelle ce qui était fait autrefois ».

Le concept de la marque

Le slogan de Le Craulois parle de lui même : « la petite marque, 100% fermier » et Jean-François y tient. Il fait d’ailleurs partie d’un groupement régional qui vise à définir plus précisément l’appellation des produits fermiers. A ce jour,la seule condition pour l’obtenir est de produire et transformer la matière première sur le même site. Le lanfinois explique que chez Le Craulois, « nous essayons de faire des produits normaux sans artifice. On reprend simplement les vraies recettes. » L’entreprise emploie quatre salariés, un à la production, deux à la transformation et un commercial mais Jean-François ne se considère pas comme un manager et ne cherche, en aucun cas,à s’agrandir davantage. Il indique que  » l’objectif est de gagner notre vie avec nos produits. Rien de plus ». Mais le dirigeant concède qu’il est de plus en difficile de faire face aux exigences réglementaires qui tendent vers une standardisation globale de l’offre. Une tendance qui va à l’encontre de la philosophie de ce petit atelier breton de transformation.

Moins le couteau coupe, plus on force, fatigue et risque de se blesser pour une qualité de coupe dégradée. Savoir aiguiser ses outils est gage de sécurité et de qualité du travail. C’est tout l’objet des formations qu’organise la MSA des Portes de Bretagne à destinations des ateliers de transformation à la ferme.

une formation pratique avec Christian Jouteau

« Ce geste n’est pas transmis dans les écoles », regrette Christian Jouteau. Lui en a fait sa spécialité, par passion. Il est l’un des derniers en France à vivre de l’aiguisage. Tondeuses, scalpels, ciseaux, rasoirs, couteaux… Alors plutôt que de crouler sous l’avalanche des demandes nationales d’affûtages d’outils en tout genre (dont celles de 2 000 cliniques vétérinaires), « je viens former les gens sur place » dit-il, jamais tranchant, ni incisif, juste pédagogue et passionné. « L’affûtage, il faut y consacrer du temps sur du bon matériel ».

Le pouvoir du couteau

Un savoir-faire rare qui l’a conduit, lundi dernier dans l’abattoir de l’exploitation de volailles fermières de la vallée de Baud. Face à lui, 7 salariés et 4 chefs d’exploitation, armés jusqu’aux dents. « Ouvrir le cou, retirer le jabot, le cloaque, éviscérer, couper la tête. Il y a beaucoup d’opérations. Tous les mois, les couteaux de l’exploitation sont aiguisés« , note Nicole Le Peih, productrice de 900 volailles semaine à la ferme de Kerhilio. « A force de répéter les gestes avec des outils qui ne sont pas au top, on appuie, on force et manque de précision. Bref, on risque de se blesser, et puis il y a risque d’apparition de troubles musculo-squelettiques« , met en garde Patrice Barbier, conseiller en prévention à la MSA des Portes de Bretagne. Alors l’organisme a décidé de mettre à disposition ce savoir auprès des ateliers de transformation à la ferme. La MSA a organisé trois sessions *de formation en collaboration avec l’association des producteurs de volailles en vente directe qui a structuré ses producteurs . »Nous sommes un quarantaine dans le Morbihan et ce genre de formation très pratique nous est utile au quotidien« , apprécie Gilles Le Falher, leur président et producteur de volaille et de viande bovine à Séné.

Se regrouper, mutualiser chauffeurs et machines… Les Cuma ne manquent pas d’idées pour limiter encore et toujours les coûts du machinisme sur les exploitations.

A l’origine, les Cuma ont été créées pour réduire les charges de mécanisation. Mais, au fil du temps, elles se sont révélées être bien plus ! « Les Cuma, c’est une offre de matériels variés et performants, a rappelé Ronan Le Bourhis, le président de la FDCuma, lors de l’assemblée générale, le 7 février dernier à Taulé. C’est aussi du lien social. Et de la mutualisation, qui rend nos exploitations plus efficaces économiquement ».

Mais, signe des temps, l’heure n’est plus à la création de Cuma (une seule en 2013 dans le Finistère) mais à leur regroupement. Car le nombre d’exploitations diminue. Tout comme celui des responsables prêts à s’investir ! « Se regrouper à deux Cuma, c’est deux fois moins de responsables à trouver », souligne Christian Poulhalec, le président de la Cuma de Tremoor.

Plus vite

Le regroupement, c’est le choix que viennent de faire les Cuma Kost ar Mor et Palud, dans le Porzay. « Le nombre d’actifs agricoles diminue et les surfaces par exploitation grandissent, constate Jean Jain, le président de la Cuma Kost ar Mor. On a besoin de matériel plus large pour travailler plus vite. C’est ce que nous a permis le regroupement de nos Cuma, présentes sur le même territoire et qui avaient besoin des mêmes matériels ». Et quelques adhérents sont allés plus loin, en créant une Cuma tracteur avec chauffeur pour déléguer le travail du sol.

Moins cher

La Cuma ar Bodou, à Plouzané, recherche depuis toujours le meilleur coût pour l’adhérent. « Nous avons travaillé pendant 4-5 ans avec une Cuma de la région de Quimperlé pour l’ensilage, relate Laurent Philipot, son vice-président. Mais il n’y avait pas suffisamment de différences entre nos dates de récolte ». La Cuma cherche plus loin et a adhéré voilà 15 ans à une Cuma vendéenne. « Leur ensileuse vient chez nous avec un chauffeur. Nous gérons les plannings. Mais, pour optimiser la machine, nous avons décidé d’adopter leur système de facturation ». Une facturation à l’heure de rotor, 240 €, et non pas à l’hectare, comme le pratiquent la plupart des Cuma et ETA finistériennes. « Du coup, chacun réfléchit à l’organisation de son chantier et il n’y a pas de temps perdu ». Le résultat ? « 92 €/ha chez moi où les parcelles sont grandes. 25 à 27 € de plus à l’hectare pour les adhérents au parcellaire plus morcelé. Mais bien loin des 185 € que pratiquent certains ».

Sans perdre en service

La Cuma du Phare de la Lande, à Taulé, s’est lancée pour la première fois dans un échange inter-Cuma. Elle aussi a choisi une Cuma de Vendée, et l’ensileuse est venue avec chauffeur. Et, dès la première année, les adhérents ont gagné 50 €/ha, sans rien perdre en service. « L’année prochaine, le coût devrait encore diminuer ! Nous avons formé notre propre chauffeur. Et nous sommes à la recherche d’hectares supplémentaires ».

Mais, pour réduire les coûts, d’autres solutions peuvent encore être explorées. « Les Cuma peuvent devenir des interlocuteurs privilégiés des communes, plaide Ronan Le Bourhis. Les marchés publics locaux sont une possibilité de conforter vos activités ».

Les Cuma en quelques chiffres

– 180 Cuma,

– 3 600 exploitations adhérentes,

– un chiffre d’affaires de 11 millions d’€ en 2013,

– soit en moyenne 61 000 €/Cuma,

– 5 millions d’€ d’investissements en 2013,

– soit en moyenne 27 000 €/Cuma,

– une Cuma sur 5 embauche au moins un salarié,

– une Cuma sur 4 possède au moins un tracteur,

– 11% ont une moissonneuse batteuse ou une ensileuse,

– 8% sont spécialisées en légume (endive, pomme de terre, échalote…),

– une Cuma sur 4 est propriétaire de son hangar,

– deux regroupements de Cuma en 2013,

– et une seule création : la fourragère du Léon va sécher du fourrage à partir de la chaleur issue d’un unité de méthanisation.

Une délégation officielle chinoise était en visite à Carhaix du 28 au 30 sep- tembre afin d’envisager des investis- sements dans l’agroalimentaire en Centre-Bretagne. Elle a été accueillie durant ces trois journées par Christian Troadec, président de Poher commu- nauté, Xavier Berthou, vice-président en charge du développement économique et Didier Goubil, en charge de l’agricul- ture. Au programme : visites d’établis- sements industriels en capacité d’être repris (abattoirs, bâtiments industriels…) de différentes exploitations agricoles et de terrains susceptibles d’accueillir de nouvelles entreprises.
Lors d’une réception officielle lundi matin, M. Wu Shaohua, de la EXIM Bank of China, a annoncé l’installation d’une équipe sur place, pour étudier des pro- jets d’investissements dans l’agro-ali- mentaire. Après l’investissement de plus de 100 millions d’euros de Synutra dans la production de poudre de lait infantile, l’intérêt chinois pour le savoir-faire agro- alimentaire breton ne faiblit pas.

Pour viser un âge au vêlage de 24 mois, une seule solution : soigner les premiers mois de la vie d’une génisse. Le point avec Even nutrition animale, qui a organisé trois portes ouvertes sur l’élevage de la génisse durant l’hiver.

Patrice Madec, technico-commercial Even nutrition animale et animateur technique sur le Nord Finistère. – © Even

« Diminuer l’âge au vêlage réduit le prix de revient de la génisse », rappelle Patrice Madec. Et l’animateur technique à Even nutrition animale de citer une étude Cogedis. » Passer de 30 à 24 mois va permettre de gagner 250 € ». Sans hypothéquer la carrière de la future laitière, bien au contraire ! « Une étude hollandaise a chiffré à 35 000 kg de lait la production totale de vaches vêlant à 24 mois. Contre 20 000 kg, voire un peu moins, pour des vêlages à 26 ou 27 mois ».

Mettre toutes les chances de son côté

Aujourd’hui, l’âge moyen au vêlage se situe aux alentours de 30 mois dans le Finistère. Mais comment faire pour gagner 6 mois ? « Il faut commencer par un bon tarissement de la mère », indique Patrice Madec. Qui cite, pêle-mêle, une ration bien équilibrée, une balance anions-cations négative et un apport d’oligo-éléments et de vitamines pour remonter les défenses immunitaires de la vache et du veau. « Il faut également veiller à ce que le veau ingère tôt du colostrum de qualité, et en quantité suffisante ».

Transformer le veau en ruminant

Reste ensuite à transformer le veau en ruminant. « Seul le régime lait et concentré, avec un apport de foin dur ou de paille, permettra de développer les papilles du rumen, chargées d’absorber les produits issus des fermentations ». Dès les premiers jours, un aliment appétent doit être à disposition, pour que la quantité ingérée augmente progressivement. En n’oubliant pas de proposer aussi de l’eau à volonté, qui sera également facteur de consommation de l’aliment.

« Pour un vêlage à 24 mois, l’objectif est de parvenir à un poids de 150 kg à 4 mois, 200 kg à 6 mois, détaille Patrice Madec. Soit un GMQ de 950 gr/jour en phase lactée puis 850 gr du sevrage à 6 mois ». Pour y parvenir, le veau devra consommer au moins 2 kg aliment/jour au moment du sevrage, puis 3,5 à 4 kg/jour.

Un aliment adapté

Parmi sa gamme d’aliments premier âge, Even nutrition animale met en avant Fibror Ultra, pour les génisses d’élevage, de la naissance à 4 mois. « C’est un mash fibreux, auquel on a rajouté des huiles essentielles, explique Patrice Madec. Elles vont orienter les fermentations de la panse, afin de maîtriser la flore pathogène ». Des essais menés en élevage indiquent un GMQ à 4 mois supérieur à 1 000 gr/jour, grâce à des matières premières très digestibles. « Certes, c’est un aliment technique, qui coûte 100 €/t de plus qu’un mélange fermier. Mais, au total, cela ne représente que 10 € de plus par génisse ». A comparer aux 40 € que coûte chaque mois de retard au vêlage.

Ils sont 46 sur 117 à cuisiner dans l’assiette des lycéens des produits bio et locaux. Pour faire monter cette mayonnaise dans les lycées publics bretons, le conseil régional a organisé des premiers ateliers d’échanges, au lycée du Gros Chêne, à Pontivy (56).

« Faire venir de la bio de l’autre bout de la planète n’a pas beaucoup de sens », pour Marie Pierre Rouger, vice-présidente du conseil régional, en charge des lycées.
La loi fixe le cap des
20 % de produits bio dans les cantines à l’horizon 2020. Pour y parvenir, « en cohérence avec l’objectif de santé pour des jeunes, le plan climat et la politique agricole régionale, nous devons nous appuyer sur nos territoires », soutient-t-elle, partisane de l’utilisation de produits « bio, proches du bio et locaux ». Ce, dans l’assiette des lycéens.
Car la compétence des cantines des 117 lycées publics de Bretagne relève de l’instance régionale qui ne la délègue pas. 13 millions de repas y sont servis chaque année pour un montant de 30 millions d’euros. « C’est un levier considérable pour la filière ainsi que pour favoriser les circuits courts et les producteurs locaux », assure-t-elle. Encore faut-il qu’ils soient organisés pour répondre aux marchés publics lancés par les centrales d’achat qui approvisionnent les lycées. Et là, il y a encore du travail. « Les filières bio sont aujourd’hui les plus structurées pour cela »,  pointe l’élue.

Susciter l’implication

46 lycées pilotes sont entrés désormais dans une démarche d’introduction progressive de ces denrées. « On y sert toute l’année du pain, des fruits et des légumes bio, des oeufs ou des laitages ». Un savoir-faire qui s’apprend. « Nous sortons d’une cuisine d’assemblage pour la réalisation de repas complètement cuisinés par les équipes. Elles se réapproprient un savoir-faire et un plaisir avec des produits de base, locaux, de meilleure qualité, note Franck Capdeville, directeur du lycée du Gros Chêne à Pontivy. Et on lutte contre le gaspillage, qui est colossal. C’est aussi une façon de maîtriser les coût ».
Un repas coûte d’environ 6 euros pour 1,9 euro de denrées alimentaires. Pour généraliser la démarche à l’ensemble des établissements publics bretons, reste à motiver l’implication des communautés éducatives, gestionnaires, proviseurs, cuisiniers et à encourager les interactions. C’est tout l’objet des ateliers qui se sont déroulés mardi dernier au lycée du Gros Chêne.
Claire Le Clève

Cantines des primaires : ça traîne !

Au travers du programme Leader, le pays de Pontivy (45 communes) a missionné le GAB 56  pour réaliser l’état des lieux du bio dans les cantines des écoles primaires. Sur les 16 qui ont répondu à l’enquête, seules 7 utilisent des produits bio et locaux. Meilleures élèves, les cantines de Neuillac et le Sourn avec une démarche régulière et locale. Beaucoup plus cher ? « A Neuillac, où  il y a de la viande bio, des pommes de terre et des laitage, le surcoût au repas est de 1%. C’est rien du tout, d’autant qu’on a beaucoup moins de gaspillage », note le cuisinier de cette école, qui sert 90 repas par jour. Pour développer et structurer l’approvisionnement de la restauration collective en produits biologiques locaux, un répertoire des producteurs et des produits disponibles existe. « Nous formons aux nouvelles techniques de cuisine lente pour ces produits. Les cuisiniers sont intéressés. Tout est prêt.
Ne manque que la volonté des élus », déplore le GAB.

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