Finie l 'ancestrale brouille entre la France et l'Angleterre. Depuis 2008, 10 partenaires bretons et anglais* échangent sur la prise en compte d'une richesse partagée: l'eau. Après St Malo en 2010, c'est à Ploermel (56) que le séminaire Water a réuni techniciens et professionnels au chevet des zones humides. Une ligne droite sans méandre. Le ruisseau du Camet, affluent de l'Yvel sur Loyat (56), ressemble à beaucoup de ces têtes de bassins du Nord-Est du département du Morbihan. Les travaux connexes aux remembrements ont remanié de nombreux fonds de vallées dans les années 70. En supprimant les méandres et obstacles naturels sur ces cours d'eau, « on a cherché à augmenter la vitesse d'écoulement de l'eau qui n'a plus le temps d'être filtrée, les nappes peinent à se recharger. Et coté piscicole, c'est le grand vide », souligne Jean Claude Le Clainche de la fédération de pêche du Morbihan, partenaire avec la chambre d'agriculture du projet Water. Les participants au séminaire, qui ont choisi de se rendre sur ce site expérimental, l'un des trois en Bretagne, l'ont constaté, vendredi dernier. Pour localiser l'ancien cours d'eau, les indices de terrain font grise mine. Seuls le cadastre Napoléonien ou une vue aérienne de 1952 ont permis de le retrouver.

Réhabiliter le cours d'eau

La caractérisation du nouveau cours a été faite, «elle va permettre de proposer aux propriétaires une nouvelle configuration de leur parcelle», note Jean Claude Le Clainche. De son coté, la chambre consulaire a évalué l'impact économique qu'aurait une évolution des pratiques agricoles sur ces parcelles, en intégrant des mesures compensatoires, pour les présenter aux exploitants concernés. «La réhabilitation de ce fond de vallée va s'accompagner d'une réflexion importante sur le foncier, avec la profession agricole, pour reconstruire quelque chose de fonctionnel», estime Jean Claude Le Clainche.. Car bien souvent, les limites parcellaires ne permettent pas toujours l’adéquation entre les zones fonctionnelles des cours d'eau, zones humides et besoins de l’exploitation. D'où l'importance de sensibiliser et d'impliquer les acteurs très en amont des projets pour en permettre une meilleure appropriation. D'où l’importance également d'outils financiers suffisants « pour que les efforts de agriculteurs soient introduites dans le verdissement de la PAC avec des mesures financières compensatoires pour l'entretien des zones humides », ont insisté les participants. Ce sont 10 partenaires bretons (Finistère, Morbihan, Ille et Vilaine) et anglais (Devon, Cornouaille et Iles Scilly).*Ils sont de toutes origines rassemblant les chambres d'agriculture, les fédérations de pêche, celles de chasse, les collectivités territoriales, des associations environnementales qui, autour de problèmes communs qu'ils ont identifié sur les zones humides, ont décidé que coopérer pour progresser en : -mettant en commun des outils qui permettent d'inventorier les zones humides et d'identifier leur fonctionnalité, -produisant des références sur le rapport coûts/bénéfices de la restauration et de l'entretien de ces zones humides -diffuser largement le travail réaliser.